La rémunération du dirigeant sous le régime de la communauté : enjeux, stratégies, et perspectives

Publié le 6 Août, 2024

Dans le monde des affaires familiales, la gestion de la rémunération d’un dirigeant marié sous le régime de la communauté de biens représente un défi de taille. Les revenus générés par ce dernier, qu’ils proviennent de salaires, dividendes ou autres formes de rémunération, peuvent avoir des implications significatives pour la masse commune. Ce sujet devient d’autant plus prégnant en cas de séparation ou de divorce, où la répartition des biens peut entraîner des conflits complexes.

À travers cet article, nous explorerons les aspects juridiques et financiers liés à cette problématique, tout en proposant des stratégies pour protéger les intérêts des époux.

Différents régimes selon la nature de la rémunération

Les dividendes

Lorsque le dirigeant est associé dans une société, les dividendes qu’il perçoit sont automatiquement intégrés à la communauté, même si les parts sociales ont été acquises avant le mariage ou héritées.

Ces revenus, considérés comme des fruits des titres sociaux que peuvent être les parts sociales ou actions, sont ainsi partagés entre les époux.

Cependant, une situation plus complexe survient lorsqu’une société décide de conserver ses bénéfices en réserve plutôt que de les distribuer immédiatement sous forme de dividendes. La jurisprudence récente considère que tant que ces bénéfices ne sont pas distribués, ils ne font pas partie de la communauté. Ainsi, un conjoint non dirigeant pourrait être désavantagé si les bénéfices restent en réserve.

Les avances en compte courant d’associé et les intérêts

Les comptes courants d’associés sont un autre moyen par lequel un dirigeant peut tirer profit de son capital dans l’entreprise.

Les fonds laissés en compte courant peuvent générer des intérêts, considérés comme des fruits civils, qui tombent également dans la communauté. Toutefois, seul l’époux titulaire du compte courant a le pouvoir de gérer ces fonds et décider de leur remboursement, lui conférant un contrôle significatif malgré le caractère commun des intérêts.

Le salaire de dirigeant

Le salaire du dirigeant, y compris les primes, fait partie des acquêts de la communauté, car il est considéré comme le fruit de l’industrie personnelle. L’époux non dirigeant a donc des droits sur ces revenus. Cependant, chaque époux peut librement disposer de ses revenus après avoir contribué aux charges du mariage.

Toutefois, une nuance importante émerge lorsque ces gains et salaires sont économisés. Dans ce cas, bien que ces sommes demeurent des biens communs, leur gestion pourrait requérir l’accord des deux époux, notamment pour des actes de disposition significatifs, comme les donations.

Cette spécificité soulève des enjeux importants, notamment lors de la dissolution du régime matrimonial. Il n’est pas rare que les économies constituées à partir des gains et salaires soient source de litiges, car leur caractère commun impose que leur utilisation ou leur disposition soit conjointe, ce qui peut restreindre l’autonomie de chaque époux. Cette dualité, entre bien commun et gestion individuelle, fait de la gestion des gains et salaires un sujet central dans l’équilibre des relations économiques au sein du couple.

Les stock-options et les indemnités

Les stock-options, couramment utilisées comme forme de rémunération, peuvent devenir une source de contentieux lors de la dissolution du régime matrimonial. Si elles sont attribuées avant la dissolution mais exercées après, leur valeur peut être incluse dans la communauté. Cependant, si elles ne sont pas encore levées au moment du partage, elles peuvent être exclues, créant ainsi une potentielle inégalité entre les époux.

De plus, les indemnités de licenciement et “parachutes dorés” (primes) sont également des formes de rémunération qui intègrent la communauté lorsqu’elles sont perçues durant le mariage.

Stratégies de protection

Choix et aménagement du régime matrimonial

Le choix du régime matrimonial est fondamental pour la protection des intérêts de chaque époux, particulièrement pour les entrepreneurs. Opter pour un régime de séparation de biens peut offrir une meilleure protection en maintenant les revenus professionnels et les actifs générés par l’entreprise en dehors de la communauté.

Un contrat de mariage bien aménagé peut également exclure certains actifs ou revenus spécifiques de la communauté, en fonction des objectifs des époux.

Organisation juridique de l’entreprise

La structuration juridique de l’entreprise est tout autant fondamentale pour protéger les actifs en cas de divorce.

Par exemple, créer une holding personnelle peut permettre de mieux contrôler la distribution des revenus et des dividendes, limitant ainsi les risques de dilution des intérêts du dirigeant. De plus, préférer une société à une entreprise individuelle peut renforcer la séparation entre les actifs professionnels et personnels, offrant ainsi une protection accrue en cas de litige matrimonial. Cependant cette dernière solution vous limitera dans les possibilité d’optimisation de société.

Conclusion

La gestion de la rémunération du dirigeant sous le régime de la communauté de biens demande une vigilance particulière pour prévenir les conflits et assurer la protection des deux époux. Le choix du régime matrimonial, allié à une structuration juridique réfléchie de l’entreprise, permet de limiter les risques et de garantir une répartition équitable des revenus et des actifs en cas de divorce. De plus, la gestion des gains et salaires, bien qu’ils soient des biens communs, nécessite une compréhension approfondie des droits et obligations de chacun, notamment en ce qui concerne leur disposition.

Chez STRATEGIA, nous comprenons ces enjeux et proposons des solutions juridiques adaptées pour anticiper et gérer ces situations. Nous aidons à structurer votre entreprise de manière à prévenir les interférences personnelles, à rédiger des clauses protectrices et à mettre en place des mécanismes de résolution de conflits. Nous élaborons des stratégies personnalisées qui prennent en compte les spécificités de votre entreprise et de votre situation personnelle.

Ne laissez pas les aléas de la vie personnelle compromettre le succès de votre entreprise, contactez-nous pour mettre en place des solutions juridiques adaptées pour vous protéger.

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